Noël : gâter les enfants est-ce une bonne chose ?

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Que signifie faire un cadeau à des enfants ? Ou plus de 8 cadeaux à un même enfant selon des statistiques d’une enquête TNS Sofres 2012 ? Est-ce vraiment la même chose ? Gâter les enfants est-ce une bonne chose ? La réponse est non. Explications

 

Je peux dire tout d’abord que cette période de fin d’année est généralement marquée chez les parents par quelques observables constants tels que la dépression, l’énervement, la colère, l’hypocrisie, l’irritation, les règlements de compte familiaux, les disputes fraternelles, les conflits de couples, mais que tout ceci s’achève enfin le soir ou le matin de Noël par la découverte des cadeaux dans les fameux souliers proches du nom moins célèbre sapin de Noël. Ce moment est cathartique, il soulage les parents, grands-parents et amis, invités pour l’occasion, qui ont donc fait leur boulot en se faisant aider toutefois par ce fameux Père Noël qui a fait son travail de transporteur international accompagné comme il se doit par quelques salariés lutins. Est-ce les parents et affiliés qui gâtent alors les enfants ou ne serait-ce pas plutôt au Père Noël auquel il faudrait demander des comptes ?

Après la succulente découverte des cadeaux, après les cris de joie et les regards de désappointement, le soulagement premier peut laisser place alors à quelques dépressions des parents et des adultes devant l’amoncellement des papiers cadeaux qui s’accumulent et se dispersent dans toutes les pièces. Les parents présents se précipitent et mettent rapidement et de façon convulsive dans de grandes poubelles ces papiers cadeaux devenus inutiles et déjà prêts à être recyclés dans le meilleur des cas. Rares sont ceux ou celles qui les conservent pour d’autres occasions.

 

Après la découverte, il faut déjà penser à construire et parfois à reconstruire voire à jeter ou à donner ou vendre le ou les cadeaux (6 sur 8) qui ne conviennent finalement pas ou qui sont en double par exemple. Autour de ce bain de cadeaux de Noël, la journée typique se déroule toujours avec des pleurs, des rivalités entre les enfants, des aigreurs entre les parents et les autres adultes associés. On observe souvent de l’agressivité, de la frustration, des régressions, des résistances, des transferts ainsi que l’expression de souvenirs heureux ou de regrets de la part de tous les acteurs présents évoquant les uns après les autres d’autres Noël et leur propre enfance. En clair, les enfants et leurs désirs résistent aux cadeaux et surtout à celles ou ceux qui les ont offerts.

 

En fin de journée, tout ce petit monde est éreinté, fatigué, excédé. Les jouets traînent çà et là dans une belle cacophonie. Seule la vitalité de certains enfants constructeurs/destructeurs de cadeaux restera en mémoire jusqu’au Noël suivant. Le prochain reprendra alors le dessus mais les souvenirs positifs ou négatifs de tous les précédents s’enfouiront presque à jamais jusqu’au prochain retour du refoulé.

 

Mieux que d’écouter vos enfants, autour de cet amoncellement de cadeaux lors de ce jour particulier, entendez-les ! Les parents de toutes les générations, les amis associés, offrent un cadeau car ils souhaitent se faire aimer, se faire pardonner, se faire oublier. Entre eux, il y a donc du leurre, de l’illusion mais aussi du lien symbolisé par ce don nommé à cette occasion cadeau.

 

Dernier petit conseil, observez donc si les enfants parlent ou non librement. Ce qui est important c’est l’histoire-puzzle qui se déroule devant vos yeux, d’anciens enfants, à vous de découvrir les pièces manquantes qui seront nommées, selon les occasions ou les situations, comme par exemple l’espoir, la déception, le ressentiment, la perplexité, la rancœur.

 

L’artifice des cadeaux de Noël est vain.  Ce jour là, ce Noël, il se produit toujours un effet de rupture. Après les premières joies et remerciements viennent alors des changements de ton, des hésitations, des moindres assurances, des souvenirs qui apparaissent et qui sont refoulés rapidement et remis en question.

 

Comment interpréter ce qu’on observe classiquement ce jour-là ? En résumé, tout ceci, les cadeaux de Noël et les enfants gâtés, doivent être replacés dans le triangle œdipien père-mère-enfant. Comme l’écrivait Sophocle ce sont les lois qui commandent et jamais l’oubli ne les endormira.

 

Tout lien humain, avant d’être naturel ou matériel, est symbolique. Le cadeau de Noël est l’expression symbolique d’un lien… Non pas l’objet cadeau… Mais ce qui est véhiculé par celui-ci. Le cadeau est un objet mort signe d’une absence ou de la conséquence (culpabilité) de celle-ci.

 

Tous les enfants connaissent la jalousie et celle-ci s’exprime de prime abord ce fameux jour de Noël. Sur ce point précis, la quantité de cadeaux pourrait être corrélée à la mesure de l’amour porté à ces enfants mais peut-être aussi à la haine et à l’indifférence selon les familles.

 

Un enfant de n’importe quel âge a besoin que l’amour lui soit exprimé physiquement (par des câlins de toutes sortes), matériellement (par des cadeaux) et symboliquement (par des jeux et du temps). A vous de trouver le bon équilibre !

 

florian salaFlorian Sala
Psychologue de formation, Florian Sala a écrit et dirigé 4 ouvrages. Il est également l’auteur de nombreux articles sur ses expériences professionnelles. Ce chercheur éclectique partage son temps entre l’enseignement, la recherche, le conseil aux entreprises et la psychothérapie psychanalytique pour particuliers et professionnels.

 

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